Sulforaphane et croissance des cellules cancéreuses Une étude suggère que le sulforaphane, un composant que l’on trouve dans les brocolis et d’autres légumes crucifères, ralentit la croissance des cellules cancéreuses chez des femmes diagnostiquées avec un stade précoce de cancer du sein. Le sulforaphane est un isothiocyanate issu de la transformation d’un glucosinolate que l’on trouve dans les pousses de brocolis et dans d’autres légumes crucifères comme les choux ou les choux de Bruxelles. Cette transformation s’effectue lorsque l’aliment est haché, mastiqué ou au contact de la flore bactérienne. Un certain nombre d’études ont montré que les femmes qui consomment des quantités importantes de légumes crucifères ont un risque plus faible d’avoir un cancer du sein. Des recherches ont également permis d’observer que le sulforaphane que l’on trouve en concentration importante dans ces aliments peut moduler le risque de cancer du sein à différents stades de la cancérogenèse et par différents mécanismes. En particulier, le sulforaphane semble inhiber des histones déacétylases ou HDAOs qui, à leur tour renforcent l’expression de gènes suppresseurs de tumeurs qui sont souvent silencieux dans les cellules cancéreuses. Les HDAOs sont des enzymes impliquées à plusieurs niveaux dans la signalisation estrogénique. En cas de tumeurs du sein, leur expression est dérégulée. Des essais réalisés avec des inhibiteurs des HDAOs donnent des résultats prometteurs dans le traitement de cancers du sein. Cinquante-quatre femmes avec des mammographies anormales et qui devaient subir une biopsie du sein ont été enrôlées dans un essai[1] randomisé, en double-aveugle et contrôlé contre placebo. Ces femmes étaient suspectées d’avoir un carcinome canalaire in situ (DCIS) qui est considéré comme un stade précoce de cancer du sein. Le problème est qu’il est souvent bénin mais qu’environ 20 % des cas peuvent se transformer en une forme agressive de cancer du sein. Les femmes ont reçu quotidiennement pendant 2 à 8 semaines un placebo ou un complément alimentaire contenant du sulphoraphane. La quantité de sulforaphane du complément alimentaire équivalait approximativement à la consommation d’une tasse de pousses de brocolis, une source particulièrement riche en sulforaphane. L’objectif initial des chercheurs étaient simplement de déterminer si le complément alimentaire de sulforaphane était bien toléré et s’il pouvait altérer certains mécanismes épigénétiques impliqués dans le cancer. Ils ont eu la surprise de constater une diminution des marqueurs de croissance cellulaire suggérant que le sulforaphane pourrait aider à ralentir la croissance des cellules cancéreuses. En fait, le complément alimentaire a ralenti la croissance des cellules bénignes et des cellules invasives des tissus obtenus par les biopsies. Il semble agir en inhibant l’action des HDAOs. Pour les chercheurs, il est possible que le sulforaphane et d’autres composants alimentaires, lorsqu’ils auront été mieux étudiés et compris puisse être ajoutés aux approches traditionnelles du traitement du cancer, pour prévenir le cancer, ralentir sa progression, le traiter ou prévenir sa récurrence. Mais d’autres études sont nécessaires pour évaluer les réponses en fonction des doses et travailler sur de plus vastes populations. [1] Atwell, L.L., Zhang, Z., Mori, M., Farris, P.E., Vetto, J.T., Naik, A.M., Oh, K.Y., Thuillier, P., Ho, E., and Jackilen Shannon (2015). Sulforaphane Bioavailability and Chemopreventive Activity in Women Scheduled for Breast Biopsy. Cancer Prevention Research, 8:1184 0 PartagesPartagezTweetezPartagez 30 novembre 2016