Infolettre 9 – 26 août 2016: Ashwagandha et activité physique d’endurance – Probiotiques et dépression – Extrait de pépins de raisin et hypertension AshwagandhaL’ashwagandha (Withania somnifera)est une plante que l’on trouve en Inde et dans d’autres pays d’Asie. Sa racine est l’un des toniques les plus réputés de la médecine ayurvédique. C’est aussi une plante adaptogèneDans la première moitié du 20e siècle, l’endocrinologue Hans Selye fait entrer le stress parmi .... Qu’est-ce qu’une plante adaptogène ? Lorsque l’on soumet des animaux ou des êtres humains à une période de stress, on observe des changements caractéristiques dans certaines hormones et paramètres associés au système nerveux central et à l’axe hypothalamique-pituitaire-surrénal (HPA). Les modifications du HPA incluent une augmentation du cortisolLe cortisol est secrété pratiquement exclusivement par les glandes surrénales. Il nous maintient ... ainsi qu’une perturbation de son rythme circadien de sécrétion. Les modifications du système nerveux central incluent une diminution des neurotransmetteurs catécholaminesLes principales catécholamines sont la dopamine, l’adrénaline et la noradrénaline. Leur synthè..., comme la norépinéphrine et la dopamine, ainsi qu’une forte augmentation des niveaux de bêta-endorphine. Combattre avec succès le stress et les situations stressantes nécessite une adaptation. Cette adaptation est considérée comme la meilleure lorsque l’exposition à un stress génère une réponse accompagnée de perturbations hormonales réduites ou absentes. L’adaptation implique également d’être préparé et capable de réassumer l’homéostasieCe terme a été introduit pour la première fois par le médecin et physiologiste français, Claude... une fois le stress disparu. La plante adaptogèneDans la première moitié du 20e siècle, l’endocrinologue Hans Selye fait entrer le stress parmi ... incite l’organisme à commencer à s’adapter au processus de stress, qu’il soit physique, chimique ou psychologique. Lorsqu’une situation stressante se produit, il peut alors faire en sorte qu’elle ait le moins d’effets néfastes possibles. Un athlète entraîné peut participer à un événement qui induirait une vaste perturbation HPA chez une personne sédentaire, et en être relativement peu affecté. On peut établir un parallèle entre l’effet d’une plante adaptogèneDans la première moitié du 20e siècle, l’endocrinologue Hans Selye fait entrer le stress parmi ... et celui de l’entraînement d’un athlète qui se prépare à une compétition L’ashwagandha améliorerait la masse et la force musculaires Des chercheurs indiens ont enrôlé dans une étude[1] 57 hommes en bonne santé, âgés de 18 à 50 ans avec peu d’expérience de l’entraînement physique en endurance. On leur a demandé de prendre chaque jour pendant 8 semaines, un placebo ou 300 mg d’un extrait standardisé breveté d’ashwagandha contenant 5 % de whitanolides, les principes actifs de la plante. Tous les sujets ont suivi un entraînement physique à l’endurance trois fois par semaine qui comprenait des exercices portant sur les principaux groupes musculaires du haut et du bas du corps. L’évaluation comportait celle de la force musculaire, de la taille des muscles, de la récupération musculaire définie par l’activité de la créatine kinaseLa créatine kinase intervient dans le métabolisme énergétique et sa mission est de reconstituer ... dans le sang, de la testostérone sérique et du pourcentage de masse grasse corporelle. Comme on pouvait s’y attendre, l’entrainement à l’exercice physique en endurance a amélioré les mesures de tous ces paramètres dans les deux groupes. Cependant, par rapport aux sujets du groupe sous placebo, on a constaté chez ceux qui ont pris l’extrait d’ashwagandha: Une augmentation significativement plus importante de la force des muscles travaillés Une activité plus faible de la créatine sérique Une plus grande élévation de la testostérone sérique Une diminution plus forte du pourcentage de masse grasse. Les auteurs de l’étude concluent de ces résultats que la prise d’ashwagandha, associée à un programme d’entraînement physique en endurance, concourt à l’augmentation de la masse et de la force musculaire. Cette étude comporte plusieurs limites et, notamment, la taille de l’échantillon, la durée relativement courte, le fait qu’elle n’inclue que de jeunes sujets non entraînés, l’absence de mesure du cortisolLe cortisol est secrété pratiquement exclusivement par les glandes surrénales. Il nous maintient ..., l’hormone du stress. Il serait donc intéressant que d’autres études sur une plus longue période et portant sur des populations différentes soient réalisées pour confirmer ces résultats. [1] Wankhede s et al., Examining the effect of Withania somnifera supplementation on mucle strengh and recovery : A randomized controlled trial. J Int Soc Sport Nutr. Doi.1186/s12970-015-0104-9 0 PartagesPartagezTweetezPartagez ProbiotiquesL’intestin, le second cerveau Le système nerveux intestinal ou système nerveux entérique et le cerveau utilisent des structures similaires de neurones sensoriels et moteurs, des circuits similaires de traitement de l’information, les mêmes cellules glialesSans les cellules gliales, les neurones, les cellules nerveuses du cerveau ne pourraient fonctionner... et les mêmes neurotransmetteurs incluant l’acétylcholineL'acétylcholine, abrégée en ACh, est un neurotransmetteur excitateur qui joue un rôle important ..., la norépinéphrine, la dopamine ou la sérotonine. Le système nerveux qui régit l’intestin contient, en effet, 200 millions de neurones. Sa fonction première est bien sûr d’assurer la motricité intestinale. Mais un nombre important de ces cellules nerveuses, 80 % d’entre elles, véhiculent l’information de l’intestin vers le cerveau. Dans son livre publié en 1998, Le second cerveau, l’universitaire américain Michael D. Gershon, présente l’intestin comme un second cerveau. Qu’est-ce que le microbiote intestinal Le microbiote intestinal, que l’on connaissait sous l’appellation de microflore intestinale, est constitué d’une grande diversité d’espèces microbiennes assurant différentes fonctions. Elle est évaluée à près de 1013 à 1014 cellules, représentant 400 à 500 espèces et sous-espèces. C’est pratiquement 10 fois le nombre total de cellules du corps humain. Tout comme l’empreinte digitale, le microbiote intestinal est propre à chaque individu. Ensuite, différents facteurs peuvent le modifier de façon plus ou moins durable. C’est le cas, de changements de l’hygiène de vie, de conditions physiologiques, de traitements médicaux. Ainsi, un traitement antibiotique réduit la quantité et la qualité du microbiote pendant plusieurs jours, voire, plusieurs semaines. Depuis la parution du livre de Gershon, les recherches dans le domaine des relations entre le cerveau et l’intestin ont notablement avancé, notamment, pour déterminer si une modification du microbiote intestinal pouvait avoir une incidence sur l’information transmise au cerveau central et, par suite, sur certaines maladies. Le microbiote jouerait-il un rôle dans les maladies neuropsychiatriques ? Dans la plupart des cas, les arguments scientifiques sont encore insuffisants pour l’affirmer même si des éléments de preuves préliminaires ont déjà été publiés. Les probiotiques figurent au nombre des moyens permettant de modifier la composition du microbiote intestinal. En ce qui concerne la dépression, des études préliminaires ont montré que l’administration de certains probiotiques, pouvait soulager les symptômes de la dépression. Qu’est-ce qu’un probiotique La notion de probiotique a été développée grâce aux travaux de Metchnikoff en 1907. Il avait constaté que les paysans bulgares, grands consommateurs de lait fermenté, vivaient très vieux et en bonne santé. Metchnikoff avait alors proposé l’ingestion de bactéries vivantes, plus précisément de bactéries lactiques, pour réduire les désordres intestinaux et améliorer l’hygiène digestive et, donc, augmenter l’espérance de vie. Le terme probiotique dérive de deux mots grecs, pros et bios, qui signifient littéralement « pour la vie », contrairement au terme antibiotique voulant dire « contre la vie ». Ce terme a été introduit pour la première fois en 1965 pour décrire des substances produites par un micro-organisme et stimulant la croissance d’autres micro-organismes. Depuis, plusieurs définitions ont été données. Selon celle adoptée par l’ONU et l’Organisation mondiale pour la santé, les probiotiques sont des micro-organismes vivants qui, administrés en quantité adéquate, sont bénéfiques pour la santé de l’hôte. Des études suggèrent un rôle à jouer pour des probiotiques dans la dépression Des modèles animaux de dépression ont montré des anomalies dans l’intestin telle qu’une augmentation de la perméabilité intestinale. De plus, l’administration de probiotiques améliorait leur comportement similaire à celui observé en cas de dépression. Peu d’études ont examiné directement le microbiote intestinal de patients dépressifs. Des résultats ont seulement rapporté qu’une faible concentration en bifidobactéries et lactobacilles se rencontrait plus fréquemment chez des personnes souffrant de dépression que chez des personnes sans troubles dépressifs. Une étude[2] contrôlée contre placebo, randomisée et en double-aveugle a enrôlé 40 patients âgés de 20 à 55 ans et souffrants de troubles dépressifs majeurs. Ils ont été répartis de façon aléatoire en deux groupes qui ont reçu pendant 8 semaines quotidiennement un complément alimentaire contenant un probiotique ou un placebo. Le probiotique était constitué de Lactobacillus acidophilus, de Lactobacillus casei et de Bifiobacteriul bifidum. L’inventaire de dépression de Beck, un questionnaire à choix multiple de 21 questions servant à mesurer la sévérité de la dépression clinique a été utilisé pour évaluer les effets de la supplémentation. Il a montré, chez les patients prenant des probiotiques par rapport à ceux sous placebo une amélioration significative de leur état dépressif. Toutes les études évaluant les effets d’une supplémentation en probiotique sur des patients souffrant de symptômes dépressifs n’ont pas donné les mêmes résultats. Ces divergences peuvent, au moins en partie, s’expliquer par les souches différentes de probiotiques utilisées. Il est également logique, chaque personne ayant un microbiote bien spécifique, qu’une même supplémentation n’ait pas les mêmes résultats sur deux personnes différentes. [1] Huang R et al. Effect of probiotics on depression : A systematic review and meta-analysis of randomized controlled trials. Nutrients 2016 August 6 ; 8(8). Pii : E483. Doi : 10.3390/nu8080483. [2] Akkasheh G et al. Clinical and metabolic respnse to probiotic administration in patients with major depressive disorder : A randomized, double-blind, placebo-controlled trial. Nutrition. 2016 Ma ; 32(3) : 315-20. r Extrait de pépins de raisinLa pression sanguine peut être définie comme la pression ou la force qui s’exerce contre les parois artérielles lorsque le sang est transporté à travers le système circulatoire. La pression systolique mesure la pression lorsque le cœur se contracte ou bat. La pression diastolique est la mesure enregistrée entre les battements, lorsque le cœur est au repos. Les extraits de pépins contiennent des procyanidines oligomériques ou OPCs qui appartiennent à la famille des flavonoïdesLes flavonoïdes donnent leur couleur brune, rouge, jaune, violette ou bleue aux fleurs et aux fruit..., de puissants antioxydantsUn antioxydant est une substance qui s’oppose à l’action délétère des radicaux libres et pro.... Des travaux ont montré que l’extrait de pépins de raisin augmente la dilatation des vaisseaux sanguins en accroissant la production de monoxyde d’azote et inhibant l’enzyme de conversion de l’angiotensine, un puissant vasoconstricteur. La dilatation des vaisseaux sanguins augmente le flux sanguin tout en diminuant la pression sanguine. De précédentes études ont indiqué que la prise quotidienne de 150 à 300 mg d’extrait standardisé de pépins de raisin réduit les pressions sanguine systolique et diastolique chez des sujets présentant une pré-hypertension et un syndrome métabolique. Une étude[1] a été conduite entre 2010 et 2014 au centre de recherche en nutrition clinique de l’Institut de technologie de l’Illinois, à Chicago. Trente-six hommes et femmes âgés de 25 à 65 ans présentant une pré-hypertension ont été enrôlés. Les sujets ont consommé deux fois par jour pendant six semaines, un jus de fruit contenant ou non 150 mg d’extrait de pépins de raisin. Cette période de six semaines a été précédée de deux semaines pendant lesquelles tous les sujets ont reçu la boisson placebo et suivie de 4 semaines de surveillance. La pression sanguine des sujets a été mesurée avant la supplémentation, après six semaines de supplémentation et à la fin de la période de surveillance. Les résultats ont montré que la prise de l’extrait de pépins de raisin a abaissé les pressions sanguines systolique et diastolique, par rapport à la prise du placebo. Cette baisse a été plus importante chez les sujets dont la pression sanguine était plus élevée au début de l’étude. Quatre semaines après l’arrêt de la supplémentation, les pressions sanguines sont revenues aux valeurs d’avant le début de l’étude. [1] Park E et al., Effects of grape seed extract beverage on blood pressure and metabolic indices in individuals with pre-hypertension : a randomised, double-blind, parallel, placebo-controlled trial. Br J Nutr 2016 Jan 28 ; 115(2) : 226-38 0 PartagesPartagezTweetezPartagez 2 septembre 2016