Infolettre 39 – 19 mai 2017 : Canneberge et infections urinaires – Probiotiques et immunité cellulaire – Resvératrol et rigidité artérielle CannebergeLa canneberge (Vaccinium macrocarpon) est un arbuste à feuilles persistantes qui pousse dans les tourbières de l’est de l’Amérique du Nord et au Canada. On l’appelle aussi grande airelle rouge. Les Amérindiens consommaient ses fruits sauvages qu’ils appelaient « atoka ». Ils appréciaient ses effets bénéfiques pour désinfecter les plaies, sur les problèmes de vessie et des reins ou pour l’hygiène bucco-dentaire. Dès le milieu du xixe siècle, des médecins allemands contribuèrent à répandre dans le monde moderne l’usage médicinal de la canneberge pour prévenir et traiter la cystite. En 1920, des chercheurs ont remarqué que boire du jus de canneberge rendait les urines plus acides. Les infections fréquentes du système urinaire sont souvent dues à des bactéries comme Escherichia coli qui n’aiment pas les environnements acides. Les chercheurs ont alors pensé qu’ils avaient découvert l’explication scientifique de l’usage traditionnel de la canneberge. Cette découverte a conduit à généraliser l’usage médical du jus de canneberge dans le traitement des infections urinaires. Il perd la faveur des médecins après la seconde guerre mondiale avec l’arrivée des antibiotiques de synthèse. C’est dans les années 1960 que l’on a recommencé à s’intéresser aux vertus médicinales des baies de la canneberge. Les infections du système urinaire peuvent être fréquentes, douloureuses, perturbantes et se produisent plus souvent chez les femmes. La bactérie responsable de plus de 85 % de ces infections est Escherichia coli. Les infections du système urinaire sont en général traitées par des antibiotiques. La virulence et la fréquence de ces infections ont renforcé l’intérêt pour la recherche sur le rôle joué par le jus de canneberge dans leur prévention. L’urine est normalement stérile. Pour que cette maladie apparaisse, il faut donc qu’un micro-organisme pathogène entre d’abord dans l’urètre et adhère ensuite au tissu de l’hôte. Une fois attachée, la bactérie est capable de proliférer et, ensuite, de provoquer les symptômes cliniques de l’infection. Différentes adhésines situées sur la surface des cellules des organismes pathogènes influencent la fixation des glycoprotéines o 1498u glycolipides complémentaires sur le tissu de l’hôte. On trouve les adhésines sur des structures microscopiques comparables à des cheveux, appelées pili, qui forment des liaisons avec le récepteur cellulaire du site de l’hôte. Chez les bactéries responsables des infections urinaires, ces liaisons sont suffisamment fortes pour résister à l’action nettoyante du flux urinaire. L’utilité de produits à base de canneberge pour prévenir les infections du système urinaire est sujette à controverses. Certaines études montrent des effets bénéfiques et d’autres non. Une nouvelle méta-analyseC’est une technique statistique qui consiste à réunir les données provenant de différentes ét...[1] incluant sept études cliniques randomisées et contrôlées contre placebo porte sur 1498 femmes globalement en bonne santé mais à risque d’infection du système urinaire. Les résultats montrent que la consommation de canneberge réduit de 23 % le risque d’infection urinaire. Mais ces résultats devront encore être confirmés par de plus vastes études. Des chercheurs[2] ont réalisé une analyse post-hoc des données provenant d’un essai d’intervention qui a examiné l’usage d’antibiotiques pour traiter les infections du système urinaire chez des femmes ayant déjà eu récemment ce type d’infection. Cet essai clinique multicentrique, randomisé, en double aveugle et contrôlé contre placebo a porté sur 373 femmes ayant eu récemment une infection du système urinaire. Elles ont été réparties en deux groupes pour prendre quotidiennement pendant 24 semaines 240 ml d’une boisson à base de canneberge ou une boisson placebo. Les résultats montrent une réduction significative des épisodes d’infection du système urinaire diagnostiqués par les investigateurs dans le groupe consommant la boisson à base de canneberge par rapport à celui sous placebo. L’incidence des infections urinaires traitées par antibiothérapie a été réduite. [1] Zhuxuan F et al., An updated meta-analysis of cranberry and recurrent urinary tract infections in women. The Faseb Journal, April 2017, vol 31 n°1 Suppl lb343 [2] Nieman K et al., Cranberry beverage consumption reduces antibiotic use for clinical urinary tract infection in women with a recent history of urinary tract infection. The Faseb Journal April 2017, Vol 31, n°1, Suppl. 964.26. 0 PartagesPartagezTweetezPartagez ProbiotiquesLes personnes âgées ont généralement une plus faible réponse à la vaccination et un risque élevé d’infections, de certaines maladies auto-immunes et de cancer. Un certain nombre de ces risques de santé sont la conséquence d’une fonction immunitaire affaiblie en relation avec le processus de vieillissement ou immunosénescenceVieillissement et affaiblissement du système immunitaire. Le microbiote intestinal joue un rôle important dans l’immunosénescenceVieillissement et affaiblissement du système immunitaire et est influencé par les processus physiologiques du vieillissement, le style de vie et l’alimentation. Il a été montré qu’un microbiote intestinal vieillissant a des caractéristiques différentes de celles d’un microbiote intestinal jeune avec notamment une plus faible concentration de bifidobactéries et un niveau plus élevé de bacteroidetes spp. Ces modifications dans la composition du microbiote pourraient indiquer une dysbiose et une mauvaise santé. Ainsi, par exemple, une faible concentration en bifidobactéries a été reliée à un risque accru de Clostridium difficile associé à la diarrhée, d’hospitalisation, de traitement antibiotique et de fragilité. Des interventions diététiques ciblées qui restaurent le microbiote pourraient réduire le risque de morbidité lié à l’âge et améliorer la qualité de vie des personnes âgées. Malgré les bénéfices potentiels des probiotiques pour les personnes âgées, l’efficacité de seulement quelques souches sur le système immunitaireSon rôle est de protéger l’organisme des agresseurs extérieurs et internes : virus, bactéries... de cette population a été testée dans des études cliniques. Une méta-analyseC’est une technique statistique qui consiste à réunir les données provenant de différentes ét... et revue systématique[1] a inclus quatre études cliniques portant sur les effets de la consommation de bifidobacterium animalis ssp lactis HN019 par des personnes âgées sur la capacité de phagocytose des cellules polymorphonucléaires et l’activité tumoricide des cellules naturelles tueuses, deux types de fonctions immunitaires qui aident à lutter notamment contre les infections et les cancers. L’analyse des données a révélé que la supplémentation avec B. Lactis HN019 augmentait très efficacement la capacité de phagocytose des cellules polymorphonucléaires et acccroissait avec une efficacité modérée l’activité tumoricide des cellules naturelles tueuses. La supplémentation quotidienne avec B. Lactis HN019 stimule l’activité immunitaire cellulaire de personnes âgées en bonne santé. [1] Miller LE et al., The effect of Bifidobacterium animalis ssp. Lactis HN019 on cellular immune function in healthy elderly subjects : systematic review and meta-analysis. Nutrient 2017 Mar ; 9(3) : 191. ResvératrolLorsque l’aorte, la plus grande artère du corps devient plus rigide, le risque d’infarctus et d’accident vasculaire cérébral augmente. Le resvératrol est un stilbèneCe sont des polyphénols naturels présents dans certaines plantes. Ce sont des phytoalexines. appartenant à la famille des phytoalexines présentes dans un grand nombre de plantes et, en particulier, dans la vigne. Ces composés sont produits en réponse à des agressions pathogènes, à l’exposition à des rayons ultraviolets ou à l’ozone. Dans la vigne, ils s’accumulent dans les feuilles ainsi que dans la peau et les pépins des grains de raisin. Le resvératrol est un composé polyphénolique de la classe des flavonoïdesLes flavonoïdes donnent leur couleur brune, rouge, jaune, violette ou bleue aux fleurs et aux fruit..., connus pour leur activité antioxydante. Le resvératrol est présent au cours de la fermentation des vins rouges mais pas de celle des vins blancs. Seuls les vins rouges en contiennent donc des quantités significatives. Une étude[1] a inclus 57 hommes et femmes souffrant de diabète de type II. Les participants ont reçu 100 mg par jour pendant deux semaines de resvératrol suivi de 300 mg par jour pendant deux semaines puis un placebo pendant quatre semaines. Après chaque phase de l’étude, la rigidité aortique a été mesurée par la vitesse de l’onde de pouls carotido-fémorale. Dans l’ensemble une tendance vers une diminution de la rigidité de l’aorte a été observée avec la prise de resvératrol. Chez un sous-groupe de sujets avec une rigidité artérielle plus importante au début de l’étude, la prise de 300 mg par jour de resvératrol a diminué cette rigidité de 9,1 % et celle de 100 mg par jour de 4,8 % alors qu’elle a augmenté pendant la prise du placebo. Pour les chercheurs cela vient renforcer les données émergentes indiquant que des interventions pourraient inverser les anomalies dans les vaisseaux sanguins qui apparaissent avec le vieillissement et sont plus prononcées chez les personnes obèses [1] American Heart Association Meeting report – session 15 – Poster presentation 154 – May 2017 0 PartagesPartagezTweetezPartagez 26 mai 2017