Canneberge et modifications du microbiote intestinal La canneberge atténue l’impact sur le microbiote intestinal d’une alimentation à base de produits d’origine animale. De plus en plus de données illustrent le fait que la valeur nutritionnelle des aliments est susceptible d’avoir une influence sur le microbiote intestinal. La relation complexe qui existe entre les aliments et le microbiote peut moduler la santé de façon positive ou négative. La canneberge (Vaccinium macrocarpon) est un arbuste à feuilles persistantes qui pousse dans les tourbières de l’est de l’Amérique du Nord et au Canada. On l’appelle aussi grande airelle rouge. Les Amérindiens consommaient ses fruits sauvages qu’ils appelaient « atoka ». Ils appréciaient ses effets bénéfiques pour désinfecter les plaies, sur les problèmes de vessie et des reins ou pour l’hygiène bucco-dentaire. Les effets les plus connus de la canneberge sont ceux préventifs des infections urinaires. Ils sont principalement dus à la présence de composés polyphénoliques qui ont notamment des propriétés antioxydantes. Après l’ingestion de canneberge, une petite proportion des composés polyphénoliques, des acides phénoliques et des flavonoïdesLes flavonoïdes donnent leur couleur brune, rouge, jaune, violette ou bleue aux fleurs et aux fruit..., sont biodisponible. Ils exercent donc des effets physiologiques. Ceux qui ne sont pas absorbés et restent dans le système digestif interagissent avec des bactéries de l’intestin. Cette action est la conséquence des activités antimicrobiennes et bactériostatiques des polyphénolsC’est une famille de molécules fortement antioxydantes que l’on trouve en abondance dans les v.... Elle découle également de l’activité métabolique que les bactéries exercent à l’encontre des substances polyphénoliques. Un essai clinique randomisé, croisé, en double aveugle et contrôlé a examiné l’effet des principes actifs de la canneberge sur le profil des bactéries et de leurs produits dérivés incluant les acides biliaires secondaires, les acides gras à chaîne courte et le triméthylamine. Ce dernier est un composé organique qui est généré par les bactéries de la flore intestinale à partir de la choline, de la phosphatidylcholine et de la carnitine. Ces trois éléments se trouvent en concentration élevée dans la viande rouge, les œufs, le lait et le poisson. Une fois absorbé et transporté dans le foie, le triméthylamine est transformé en N-oxyde triméthylamine, considéré comme promoteur potentiel de l’athérosclérose et des maladies cardiométaboliques. Onze sujets âgés de 25 à 54 ans ont été enrôlés dans ce petit essai. Celui-ci comprenait deux phases d’intervention de 5 jours séparées par deux semaines d’interruption. Pendant chacune des périodes de 5 jours les sujets ont suivi un régime contenant des produits d’origine animale. Ils ont pris en plus 30 g par jour d’une poudre placebo ou d’une poudre de canneberge. Les résultats indiquent que la consommation pendant cinq jours d’aliments d’origine animale altère la composition du microbiote intestinal de façon négative : elle augmente les concentrations d’acide déoxycholique, un acide biliaire secondaire associé à la cacinogenèse, et diminue celles bénéfiques des acides gras à chaîne courte. Ils montrent également que les principes actifs de la canneberge modifient l’impact de la consommation de produits d’origine animale sur le microbiote. Ils préviennent l’augmentation des acides biliaires secondaires et la baisse des acides gras à chaîne courte. D’autres études, sur de plus vastes échantillons et de plus longue durée devront confirmer ces résultats. Rodriguez-Morato J et al., Cranberries attenuate animl-based changes in microbiota composition and functionality : a randomized crossover controlled feeding trial. 117 PartagesPartagezTweetezPartagez 30 novembre 2018