Infolettre 70 – 22 décembre : Safran et dépression post-partum • Oméga-3, Oméga-6 et allergies • Curcuma et profil lipidique SafranLe safran, extrait du Crocus sativus, est une épice dont l’usage remonte à plus de 3 000 ans et on la retrouve sur des fresques dans le palais de Cnossos, en Crète ou dans les ruines d’Akrotiri sur l’île de Santorin. Son utilité dans le domaine de la santé est bien moins connue que son usage culinaire. Pourtant, les Egyptiens, les Perses, les Grecs et les Romains de l’Antiquité l’utilisaient aussi pour ses vertus médicinales. Le safran était notamment employé pour stimuler les règles, soulager les douleurs spasmodiques ou les symptômes de la dépression. Plusieurs études ont récemment montré que la prise d’extrait de safran pouvait effectivement soulager efficacement les symptômes de dépression légère à modérée. L’une d’entre elle a comparé l’effet d’un extrait de safran avec celui de la fluoxétine, un médicament antidépresseur, chez de jeunes mamans souffrant de dépression post-partum et a conclu qu’ils avaient une efficacité similaire. Dix à vingt pour cent des jeunes mamans souffriraient de dépression postpartum. Cette dépression survient généralement deux à huit semaines après l’accouchement mais peut aussi intervenir plusieurs mois après. Le traitement classique est constitué par des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine. Le taux de guérison est relativement faible avec ce type de médicament sans compter qu’ils ne sont pas exempts d’effets secondaires. De surcroit, surtout lorsqu’elles allaitent, les jeunes mères préfèrent se tourner vers des traitements naturels à base de plantes. Une nouvelle étude[1] randomisée, contrôlée contre placebo a été conduite chez 60 jeunes mamans allaitant leur nouveau-né et souffrant de troubles dépressifs post-partum légers à modérés. Elles ont été réparties en deux groupes. L’un recevant quotidiennement un placebo et l’autre 15 mg d’un extrait de safran. A la fin des huit semaines de la durée de l’étude, les symptômes dépressifs ont été évalués, en utilisant l’inventaire de Beck pour la dépression, et comparés à ceux que les sujets présentaient au début de l’étude. Les résultats montrent que la prise de l’extrait de safran a eu un impact plus important que celle du placebo sur les symptômes dépressifs. 96 % des femmes ayant pris l’extrait de safran étaient en rémission contre 43 % de celles sous placebo. [1] Tabeshpour J et al., A double-blind, randomized, placebo-controlled trial of saffron stigma (Crocus sativus L.) in mothers suffering from mild-to-moderate post-partum depression. Phytomed, 2017 ; Published ahead of print : doi.org/10.1016/j.phymed.2017.10.005. 0 PartagesPartagezTweetezPartagez Oméga-3,Les maladies allergiques incluant l’asthme et les rhinites sont parmi les maladies non transmissibles les plus courantes de l’enfance et sont également fréquentes à l’adolescence. On pense que les acides gras polyinsaturésLes acides gras polyinsaturés (AGPI) appartiennent à la catégorie des lipides. Ils ont de nombreu... que l’on trouve notamment dans l’huile de poisson, les noix et les huiles végétales, pourraient influer sur la réponse inflammatoire et, par suite, moduler le risque de maladie allergique. L’hypothèse d’un lien entre les acides gras polyinsaturésLes acides gras polyinsaturés (AGPI) appartiennent à la catégorie des lipides. Ils ont de nombreu... et les maladies allergiques a été émise pour la première fois dans les années 1990. Elle attribuait des rôles opposés dans l’inflammation aux deux grands groupes d’acides gras polyinsaturés : les oméga-3 diminuant l’inflammation et les oméga-6 la favorisant. Mais, en fait, leurs actions sont beaucoup plus complexes. Récemment, des chercheurs ont montré que la consommation d’acides gras oméga-3 pendant l’enfance était associée à une réduction du risque de rhinite jusqu’à l’adolescence. Aucune association n’a été observée avec les acides gras oméga-6. C’était la première étude prospective à établir un lien entre la consommation de poisson à l’âge scolaire et le risque, plus tard, de maladie allergique. Une nouvelle étude[1] a examiné si les oméga-3 et les oméga-6 dans les phospholipides plasmatiques à l’âge de 8 ans pouvait influencer le risque d’asthme, de rhinite et de sensibilisation à des aéro-allergènes jusqu’à l’âge de 16 ans. L’étude s’est appuyée sur une cohorte de population suédoise. 4 089 jeunes enfants avaient été enrôlés dans cette étude de cohorte entre 1994 et 1996 et ont été suivis régulièrement, à l’aide de questionnaires, jusqu’à l’âge de 16 ans. Les données de 940 d’entre eux ont été utilisées pour cette nouvelle étude. Des échantillons de sang leur avaient été prélevés au moment des examens cliniques à l’âge de 8 ans. Ils ont été utilisés pour quantifier les acides gras polyinsaturésLes acides gras polyinsaturés (AGPI) appartiennent à la catégorie des lipides. Ils ont de nombreu... présents dans les phospholipides du plasma sanguin. Les résultats montrent qu’une proportion plus élevée d’oméga-3 et d’oméga-6 dans les phospholipides plasmatiques à l’âge de 8 ans était inversement associée à l’asthme, à la rhinite et à la sensibilisation aux aéro-allergènes à l’âge de 16 ans. Plus spécifiquement, la proportion d’oméga-3 totaux était reliée à une réduction du risque d’asthme, de rhinite et de sensibilisation aux aéro-allergènes ainsi que de l’incidence de l’asthme entre 8 et 16 ans. Les associations étaient plus prononcées pour les phénotypes allergiques de l’asthme et de la rhinite. [1] Magnusson J et al., Polyunsaturated fatty acids in plasma at 8 years and subsequent allergic disease. J Allergy Clin Immunol 2017 CurcumaLes maladies cardiovasculaires constituent toujours dans le monde la première cause de mortalité et l’âge, le sexe, l’hypertension, les dyslipidémies, l’obésité, le diabète de type II et le syndrome métabolique sont considérés comme des facteurs de risque aggravants. Le rhizome de curcuma (Curcuma longa) et la curcumine, un de ses principes actifs, ont montré leur efficacité à traiter différents facteurs de risque cardiovasculaire incluant les dyslipidémies. Cependant, les études donnent des résultats contradictoires et une précédente méta-analyseC’est une technique statistique qui consiste à réunir les données provenant de différentes ét... n’est pas parvenue à démontrer un effet hypolipidémiant significatif de la curcumine. Cette méta-analyseC’est une technique statistique qui consiste à réunir les données provenant de différentes ét... avait, selon les auteurs, plusieurs limites. L’objectif de cette nouvelle méta-analyseC’est une technique statistique qui consiste à réunir les données provenant de différentes ét...[1] était d’essayer de répondre à ces limites et d’évaluer l’efficacité et l’innocuité du curcuma et de la curcumine dans la baisse des niveaux de lipides chez des sujets présentant des facteurs de risque cardiovasculaire. Les auteurs ont sélectionné sept essais randomisés contrôlés portant sur un total de 649 patients et qui ont duré entre quatre semaines et six mois. Les auteurs concluent de l’analyse des données que le curcuma et la curcumine ont des effets protecteurs sur la santé cardiovasculaires notamment parce qu’ils abaissent les niveaux sériques de triglycérides et de cholestérol LDLLes low density lipoproteins ou lipoprotéines de basse densité constituent un groupe de lipoproté.... Cependant, alors que le curcuma et la curcumine abaissent les niveaux sériques des triglycérides chez des personnes présentant un syndrome métabolique, ils ne montrent pas le même effet dans d’autres groupes. Il n’est donc pas possible de conclure à l’efficacité du curcuma et de la curcumine sur les triglycérides élevés. Pour les auteurs, compte tenu des incertitudes concernant les doses, la forme, et la fréquence de prise… il semble prématuré de recommander la prise de curcuma ou de curcumine pour abaisser les triglycérides. D’autres études sont nécessaires pour confirmer leur efficacité. [1] Qin S et al., Efficacy and safety of turmeric and curcumin in lowering blood lipid levels in patients with cardiovascular risk factors : a meta-analysis of randomized controlled trials. Nutr J 2017 ;16(1) : 68 0 PartagesPartagezTweetezPartagez 29 décembre 2017