Infolettre 43 – 16 juin 2017 : Pousses de brocolis et diabète • Chondroïtine et arthrose du genou • Resvératrol et cognition Pousses de brocolisPour découvrir un médicament, connecter les profils d’expression des gènes dans les tissus affectés par la maladie (les signatures de la maladie) à des signatures de médicaments est une approche qui pourrait se révéler utile. Mais il reste cependant à montrer si elle peut être utilisée pour identifier des options de traitement cliniquement adaptées. Des chercheurs[1] ont construit une signature pour le diabète de type II à partir de 50 gènes. Ils ont ensuite utilisé l’ensemble des données de signatures publiées disponibles pour passer en revue des substances susceptibles d’inverser la maladie. La plus prometteuse, le sulforaphane, une substance naturellement présente dans les légumes crucifères comme les choux ou les brocolis, inhibait la production de glucose par des cellules du foie en culture. Ils ont ensuite investigué les effets du sulforaphane sur différents modèles animaux. Ils ont ainsi observé que le sulforaphane prévenait le développement d’une intolérance au glucose chez des rats soumis à une alimentation sensée la favoriser, qu’il améliorait l’intolérance au glucose chez des rats, ainsi que chez des souris avec un diabète induit par leur alimentation. Puis les chercheurs ont enrôlé dans une étude randomisée, contrôlée contre placebo et en double aveugle 103 patients présentant un diabète de type II diagnostiqué depuis moins de dix ans. Ils leur ont donné pendant douze semaines un extrait concentré de pousses de brocolis apportant 150 µmol de sulforaphane ou un placebo. Les résultats montrent que, par rapport à la prise du placebo, la consommation de sulphoraphane a réduit le niveau de glucose sanguin à jeun et la concentration d’hémoglobine glyquée chez les patients obèses avec un diabète de type II non régulé. [1] Axelsson AS et al., Sulphoraphane reduces hepatic glucose production and improves glucose control in patients with type 2 diabetes. Science Translational medicine, 2017 DOI : 10.1126/scitranslmed.aah4477. 0 PartagesPartagezTweetezPartagez ChondroïtineL’arthrose est une affection chronique dégénérative des articulations. C’est la maladie rhumatismale la plus fréquente. C’est une maladie inflammatoire et c’est l’inflammation chronique qui détruit progressivement le cartilage et toutes les structures de l’articulation incluant notamment l’os et le tissu synovial. Pour soulager la douleur provoquée par l’arthrose, des anti-inflammatoires non stéroïdiens sont fréquemment prescrits mais ils sont loin d’être dépourvus d’effets secondaires. Le sulfate de chondroïtine est l’un des constituants des protéoglycanes du cartilage et son apport favorise leur synthèse par les chondrocytes. Plusieurs études ont déjà montré que la prise de sulfate de chondroïtine a des effets bénéfiques chez des sujets présentant une arthrose. Un nouvel essai clinique[1] a enrôlé 604 hommes avec une arthrose du genou pour comparer l’efficacité à soulager leurs symptômes du sulfate de chondroïtine et du célécoxib, un anti-inflammatoire non stéroïdien. Dans cette étude prospective, randomisée, en double aveugle et contrôlée contre placebo qui a duré six mois, les sujets ont pris quotidiennement 800 mg de sulfate de chondroïtine + un comprimé placebo, 200 mg de célécoxib + un comprimé placebo ou deux comprimés placebo. La douleur, le fonctionnement de l’articulation et l’acceptabilité globale du traitement ont été évalués à 1, 3 et 6 mois. A la fin de l’essai, une amélioration significativement plus importante dans la douleur et le fonctionnement de l’articulation s’est produite chez les sujets qui ont reçu le sulfate de chondroïtine ou le célécoxib que chez ceux sous placebo. Aucune différence significative n’a été observée entre les effets du célécoxib et ceux du sulfate de chondroïtine. Le sulfate de chondroïtine a également un excellent profil bénéfice/risque alors que l’on connaît les risques associés à l’usage de longue durée des anti-inflammatoires non stéroïdiens. Pour les auteurs de l’étude, compte tenu de l’absence de différence d’effet entre le sulfate de chondroïtine et le célécoxib sur la douleur et le fonctionnement de l’articulation, le sulfate de chondroïtine devrait être considéré comme un traitement de première ligne. [1] Reginster JY et al., Pharmaceutical-grade chondroitin sulfate is as effective as celecoxib and superior to placebo in symptomatic knee osteoarthritis : the chONdroitin versus CElecoxib versus placebo Trial (CONCEPT). Ann Rheum Dis. 2017 May 22. pii: annrheumdis-2016-210860. doi: 10.1136/annrheumdis-2016-210860. [Epub ahead of print] ResvératrolLe trouble cognitif léger est un symptôme associé au vieillissement, à la démence et à la maladie d’Alzheimer. La nutrition et des extraits de plantes sont des facteurs reconnus comme capables d’influer sur la structure du cerveau. Des données indiquent qu’une consommation d’aliments riches en polyphénolsC’est une famille de molécules fortement antioxydantes que l’on trouve en abondance dans les v... exerce des effets bénéfiques sur le fonctionnement cérébral et, probablement, aide à prévenir ou à retarder le développement des maladies neurodégénératives. En particuliers, des études in vivo ont montré qu’un polyphénol que l’on trouve notamment dans le raisin, le resvératrol, pourrait avoir des effets neuroprotecteur. Des études préliminaires sur des hommes en bonne santé montrent que le resvératrol augmente la circulation sanguine cérébrale, la gestion du glucose et les performances de la mémoire. Une étude[1] randomisée, contrôlée contre placebo et en double-aveugle a été conçue pour évaluer les effets du resvératrol sur des personnes présentant un trouble cognitif léger. Quarante-deux patients âgés de 50 à 80 ans avec un trouble cognitif léger diagnostiqué depuis douze mois au début de l’étude ont été enrôlés. Pendant 26 semaines ils ont reçu chaque jour 200 mg de resvératrol + 350 mg de quercétine ou 1015 mg d’huile d’olive dans une gélule comme contrôle. Au début et à la fin de l’étude, les performances de la mémoire épisodique déclarative et d’apprentissage des sujets ont été évaluées. Les changements dans le volume global de la matière grise cérébrale, dans le volume de l’hippocampe et dans la connectivité fonctionnelle statique de l’hippocampe ont été évalués ainsi que le contrôle du glucose sanguin. Les résultats ne montrent aucune modification des performances de la mémoire, du glucose et de l’insuline. Il n’y avait pas de différence entre les deux groupes dans le volume de la matière grise et celui de l’hippocampe. La prise du resvératrol a provoqué une baisse de l’hémoglobine glyquée, un indicateur du contrôle de la glycémie à long terme. Mais la différence avec le groupe témoin n’était pas significative. Dans le groupe témoin, le volume de l’hippocampe antérieur gauche a diminué de 4,2 % pendant la durée de l’étude mais pas dans le groupe qui a pris du resvératrol. Par ailleurs, la prise du resvératrol a significativement augmenté la connectivité fonctionnelle entre l’hippocampe droit et le cortex angulaire droit. Ces résultats préliminaires soutiennent le fait que le resvératrol pourrait avoir des effets bénéfiques chez des patients présentant des troubles cognitifs légers mais des recherches complémentaires sont nécessaires pour s’en assurer. [1] Köbe T et al. Impact of resveratrol on glucose control, hippocampal structure and connectivity and memory performance in patients with mild cognitive impairment. Front Neurol 2017 ;11 : 105. 0 PartagesPartagezTweetezPartagez 23 juin 2017