Infolettre 10 – 2 septembre 2016: Huile de pépins d’argousier et risque cardiovasculaire – DHA, plaque d’amyloïde et mémoire – Spiruline et fatigue Huile de pépins d’argousierL’argousier, Hippophae rhamnoides, est un arbuste épineux qui donne de petits fruits jaune-orangés au goût acidulé. Il est originaire d’Europe et d’Asie et on le rencontre en Chine, en Inde, en Mongolie, en passant par la Russie, et jusqu’à certaines régions d’Europe. Des propriétés médicinales connues depuis l’Antiquité Des préparations à base d’argousier sont utilisées depuis plus de mille ans par la médecine traditionnelle en Chine, en Inde, en Mongolie et au Tibet. Les premiers écrits concernant les effets bénéfiques de l’argousier se trouvent dans un traité médical tibétain du 8e siècle. Les jeunes pousses et les feuilles de l’argousier étaient utilisées par les Grecs de l’Antiquité pour faire prendre du poids à leurs chevaux et qu’ils aient un pelage brillant. C’est de cet usage qu’il tire son nom latin Hippophae qui signifie cheval et briller. La culture de l’argousier a débuté en Russie en 1933 et les recherches sur les composants actifs de ses fruits, de ses feuilles et de son écorce ont commencé dans les années 1940. Les cosmonautes russes incorporaient du jus de fruits de l’argousier à leur alimentation et de l’huile de pulpe du fruit à des crèmes pour se protéger des radiations du soleil. Aujourd’hui, on l’incorpore dans des crèmes et des onguents pour traiter les brûlures, régénérer la peau et retarder l’apparition des rides. On l’utilise aussi dans des crèmes solaires en raison de sa capacité à filtrer les rayons du soleil. La recherche commence à confirmer son usage traditionnel La recherche contemporaine sur les propriétés de l’argousier en est encore à ses débuts. Mais des travaux effectués sur l’animal et chez l’homme montrent que certaines préparations à base de fruits d’argousier et plus particulièrement, à base d’huile extraite des pépins ou du fruit lui-même pourraient avoir des effets bénéfiques, notamment sur des facteurs de risques cardiovasculaires. Une nouvelle étude L’objectif de cette nouvelle étude[1] était d’évaluer les effets d’une supplémentation avec de l’huile de pépins d’argousier. Un premier test a été réalisé sur des rats Sprague Dawley adultes mâles, une souche de rats albinos d’expérimentation, pour évaluer l’innocuité de l’huile de pépins d’argousier et son efficacité à réduire la dyslipidémie induite par un régime riche en graisse. Il n’a révélé aucun effet toxique. De surcroit, la prise de l’huile de pépins d’argousier a réduit de façon significative l’élévation du cholestérol provoquée par une nourriture riche en graisse. Le second test a porté sur 106 volontaires, 74 d’entre eux avaient une pression sanguine et un cholestérol élevés, les 34 autres, une pression sanguine et un cholestérol normaux. Les volontaires ont reçu, quotidiennement, une capsule molle contenant 0,75 ml d’huile de pépins d’argousiers ou 0,75 ml d’huile de tournesol utilisée comme placebo. La supplémentation en huile de pépins d’argousier a normalisé la pression sanguine des sujets hypertendus, a réduit de façon marquée le cholestérol, les triglycérides et les LDLLes low density lipoproteins ou lipoprotéines de basse densité constituent un groupe de lipoproté... oxydées chez les sujets avec une dyslipidémie. Ses effets étaient moins prononcés chez les sujets présentant un profil lipidique et une pression sanguine normaux. Elle a également amélioré le statut antioxydant de tous les sujets. L’effet bénéfique sur le profil lipidique et la pression sanguine est probablement dû à la présence à la présence dans l’huile d’acides gras oméga 3, 6 et 9 et l’amélioration du statut antioxydant à la celle de bêta-carotène et de vitamine E. [1] Vashishtha V et al. Effect of seabuckthorn seed oil in reducing cadiovascular risk factors : A longitudinal controlled trial on hypertensive subjects. Clinical Nutrition, 2016 August, publihsed online ahead of print, http://dx.org/10.1016/j.clnu.2016.07.013 0 PartagesPartagezTweetezPartagez DHA, plaque d’amyloïdeLe DHA, l’acide eicosapentaénoïque, est l’un des principaux acides gras polyinsaturésLes acides gras polyinsaturés (AGPI) appartiennent à la catégorie des lipides. Ils ont de nombreu... de la série des oméga-3, dans le cerveau dont il constitue 30 à 50 % du contenu total en acides gras. Il apporte la fluidité membranaire nécessaire aux cellules nerveuses pour que les impulsions nerveuses électriques puissent circuler facilement dans les circuits cérébraux. Des études épidémiologiques suggèrent qu’une consommation élevée de poisson ou d’acides gras oméga-3 est associée à une diminution significative des pertes de mémoire et des troubles cognitifs liés à l’âge ainsi qu’à un plus faible risque de maladie d’Alzheimer. Les études de supplémentation en acides gras oméga-3 n’ont cependant pas confirmé cet effet protecteur et ils semblent n’être bénéfiques que chez des sujets ayant des troubles cognitifs très légers. Des études sur cellules humaines et sur animaux montrent par ailleurs que les oméga-3 diminuent la sécrétion de la protéine bêta-amyloïdeC’est une protéine naturellement présente dans le cerveau. Au fur et à mesure que le temps pass..., dont les dépôts constituent les plaques séniles, l’une des lésions caractéristiques dans le cerveau des personnes atteintes de maladie d’Alzheimer. Une étude[1] transversale a été conçue pour déterminer s’il existait une association entre le niveau sérique de DHA, les plaques de bêta-amyloïdes et le volume des régions du cerveau affectées par la maladie d’Alzheimer. Elle a été conduite entre juin 2008 et mai 2013 et les données analysées entre octobre 2015 et avril 2016. Le DHA sérique, les volumes cérébraux, les dépôts d’amyloïde ainsi que les résultats à des tests neuropsychologiques de 61 sujets âgés en moyenne de 77 ans participant à la Harvard Aging Brain Study, ont été évalués. Les résultats ont montré une association entre de faibles niveaux sériques de DHA et les dépôts d’amyloïde dans le cerveau de personnes âgées ne montrant pas de preuves de démence et cette association était plus importante chez les sujets consommant peu de poisson. Les chercheurs ont également constaté une corrélation positive entre le niveau de DHA et le volume de plusieurs zones du cerveau pouvant être affectées par la maladie d’Alzheimer. Pour les chercheurs cette unique étude transversale ne leur permet pas de recommander une supplémentation systématique en DHA. Ils espèrent, par contre, que ces résultats inciteront à conduire des études de prévention pour déterminer si une supplémentation en DHA chez des personnes non démentes avec une faible consommation de poisson peut prévenir ou ralentir le développement de la maladie d’Alzheimer. Les niveaux de DHA dans le cerveau sont modulés par la consommation alimentaire et il est donc plausible qu’elle ait également une influence sur le fonctionnement et la santé du cerveau. Rappelons qu’il est recommandé de consommer du poisson deux à trois fois par semaine. Le DHA (acide docosahexaénoïque), un acide gras polyinsaturé de la série Oméga 3, est présent en abondance dans la chair des poissons des mers froides. Il entre également dans la composition de certaines huiles comme l’huile de colza ou l’huile de noix. Ils sont apportés en relativement faible quantité par notre alimentation. [1] Hussein N et al. Association of serum docosahexaenoic acid with cerebral amyloidosis. Jama Neurol. Published online August 08, 2016. Doi : 10.1001/jamaneurol.2016.1924. SpirulineLa spiruline, est une micro-algue, qui est apparue sur la terre il y près de 3 milliards d’années. C’est une cyanobactérie ou micro-algue bleue. Elle est utilisée pour l’alimentation humaine depuis l’Antiquité. Sa composition nutritionnelle, avec une teneur importante en protéines à haute valeur biologique associée une grande richesse en vitamines, en minéraux et en acides gras essentiels, et le fait qu’elle puisse être produite localement, en font un atout de choix pour lutter contre la malnutrition dans les pays en voie de développement. Depuis les années 1970, on la trouve dans les pays industrialisés notamment dans des compléments alimentairesLa directive européenne 2002/46/CE définit les compléments alimentaires comme des denrées alimen... qui affichent des propriétés revitalisantes. Une étude clinique[1], randomisée et contrôlée contre placebo a évalué les effets d’une supplémentation en spiruline, sur la fatigue. Les chercheurs ont enrôlé dans cette étude pilote 17 hommes en bonne santé. Il leur a été demandé de prendre quotidiennement pendant 8 semaines, 3 grammes par jour de spiruline ou un placebo. Ils ont été soumis à des tests d’exercice physique (30 mn sur un cross trainer) et des tests de fatigue mentale avec des exercices de mathématiques. Les résultats montrent une amélioration, par rapport à la prise d’un placebo, des performances intellectuelles dès 4 heures après la prise du premier supplément de spiruline qui a perduré pendant les 8 semaines de l’étude. Sur le plan physique, une amélioration petite mais significative des performances est apparue après une semaine de supplémentation mais elle n’était plus détectable à la fin de l’étude. On avait également demandé aux participants d’évaluer quotidiennement leur sensation de fatigue physique et mentale. Ils ont fait état d’amélioration dès 4 heures après la prise du premier supplément et cette sensation d’amélioration a perduré jusqu’à la fin de l’étude. Les résultats de cette étude indiquent que la consommation de compléments alimentairesLa directive européenne 2002/46/CE définit les compléments alimentaires comme des denrées alimen... de spiruline peut avoir une incidence sur la fatigue mentale et physique. [1] Morgan J et al., A randomized, double-blind, placebo controlled study of spirulina supplementation on indices of mental and physical fatigue in men. International Journal of Food Sciences and Nutrition ; Vol 67, 2016, Issue 2. 0 PartagesPartagezTweetezPartagez 0 PartagesPartagezTweetezPartagez 8 septembre 2016