Déficience en sélénium et risque de cancer du foie Les personnes présentant un faible niveau sanguin de sélénium dans leur sang auraient un risque significativement plus élevé de cancer du foie. Le sélénium est un oligo-élément et un nutriment essentiel dont l’importance est fondamentale pour la biologie humaine. Le sélénium est retrouvé dans 50 à 100 différentes protéines aux rôles très différents allant de la construction des muscles cardiaques à la santé du sperme. Il est impliqué dans la reproduction, le système immunitaireSon rôle est de protéger l’organisme des agresseurs extérieurs et internes : virus, bactéries... et la synthèse de l’ADNL’acide désoxyribonucléique ou ADN est une molécule présente dans chaque cellule. C’est le s.... Il a également des propriétés antioxydantes et a donc la capacité de protéger les cellules contre les lésions provoquées par les radicaux libresUn radical libre est un atome ou une molécule qui possède un électron célibataire parce qu’il .... Le sélénium entre dans la chaîne alimentaire directement par les plantes qui le captent dans le sol ou par la consommation de viande ou d’autres produits d’origine animale. Des carences en sélénium ont donc été identifiées dans des parties du monde où la teneur du sol en sélénium est notablement faible, par exemple dans les régions volcaniques. Les sols acides et la formation de complexes, fréquemment avec le fer et l’aluminium, réduisent également la captation du sélénium par les plantes, comme cela est le cas dans de nombreuses régions d’Europe. En Europe, les sols sont relativement pauvres en sélénium et il en est donc de même des apports en sélénium de l’alimentation. Les conséquences possibles d’une carence en sélénium Des données indiquent qu’une carence modérée en sélénium peut accroître la sensibilité à diverses maladies et altérer le maintien d’une santé optimale. Un faible statut sélénique peut contribuer à l’étiologie du processus pathologique mais, dans certains cas, peut être également une conséquence de la maladie elle-même et accélérer la progression de celle-ci (par exemple infection à VIH). De nombreuses études suggèrent qu’une carence en sélénium s’accompagne d’une forte altération de l’immunocompétence, ce qui n’est probablement pas sans relation avec le fait que le sélénium est normalement présent en quantités importantes dans des tissus immunitaires tels que le foie, la rate et les ganglions lymphatiques. Les deux types d’immunité, humorale et à médiation cellulaire, peuvent être affectés. Même chez les sujets ayant des apports adéquats, une supplémentation en sélénium exerce des effets immunostimulants importants, dont une amplification de la prolifération des lymphocytes T activés (expansion clonale). Des lymphocytes prélevés chez des volontaires ayant reçu une supplémentation en sélénium (sous forme de sélénite de sodium) à raison de 200 µg/jour ont répondu plus intensément à une stimulation antigénique et leur aptitude à se transformer en lymphocytes cytotoxiques et à détruire les cellules tumorales a été plus importante. L’activité natural killer (NK) a également augmenté. Comparativement aux valeurs initiales, la supplémentation a résulté en un accroissement de 118 % de la cytotoxicité tumorale médiée par les lymphocytes cytotoxiques et de 82 % de l’activité des cellules NK[1]. Un risque jusqu’à dix fois plus élevé en cas de faibles niveaux de sélénium Le stress oxydantLe stress oxydant apparait lorsque l’organisme est soumis à tellement d’attaques par des radica... ayant été associé au développement du cancer, certaines études ont suggéré, qu’une déficience en sélénium responsable d’une moindre protection contre les lésions occasionnées par les radicaux libresUn radical libre est un atome ou une molécule qui possède un électron célibataire parce qu’il ... sur les cellules, pouvait constituer un facteur de risque pour cette maladie. Une équipe[2] de chercheurs allemands, partant de cette hypothèse, a cherché à savoir si les niveaux de sélénium pouvaient avoir une influence sur le risque de cancer du foie. Ils ont analysé les données d’environ 477 000 personnes participant à l’étude EPIC (European prospective investigation into cancer and nutrition ou étude prospective européenne sur le cancer et la nutrition). Ils ont identifié 121 patients avec un cancer du foie, 100 patients avec des cancers des voies biliaires et de la vésicule biliaire et 40 patients avec un cancer des canaux biliaires intra-hépatiques. Des échantillons de sang des patients cancéreux ont été analysés pour évaluer les concentrations en sélénium et les comparer à des témoins sains. Les chercheurs ont constaté que les patients atteints d’un cancer du foie, des voies et de la vésicule biliaires avaient des concentrations de sélénium plus faibles que celles des témoins sains. Comparativement aux individus ayant les niveaux les plus élevés de sélénium, les chercheurs ont constaté que ceux qui avaient les plus bas avaient un risque cinq à dix fois plus élevé d’avoir un cancer du foie. Cette association n’existait pas pour les autres cancers étudiés. Les chercheurs ont précisé que ces résultats ne signifiaient pas qu’une supplémentation en sélénium avait un effet direct sur la réduction du risque de cancer du foie, mais confirmaient l’importance d’une alimentation équilibrée qui devrait apporter du sélénium. Rappelons cependant que l’étude SU.VI.MAX[3] a indiqué que 83 % des femmes et 95 % des hommes ont des niveaux de sélénium en-dessous des valeurs optimales. On peut donc estimer qu’il pourrait être utile de vérifier le statut en sélénium pour être en mesure d’adapter l’alimentation et/ou de choisir une supplémentation. [1] Kiremidjian-Schumacher L, Roy M, Wishe HI, Cohen MW, Stotzky G. Supplementation with selenium and human immune cell functions. Biol Trace Elem Res 1994; 41: 115-27. [2] Hughes DJ. Et al., prediagnostic selenium status and hepatobiliary cancer in the European prospective investigation into cancer nutrition cohort. Am J Clin Nutr Aug 2016, Vol 104 n°2 : 406-414. [3] Arnaud J, Bertrais S, Roussel AM, Arnault N, Ruffieux D, Favier A, Berthelin S, Estaquio C, Galan P, Czernichow S, Hercberg S. Br J Nutr. 2006 Feb;95(2):313-20. 0 PartagesPartagezTweetezPartagez 8 septembre 2016